06 mai 2022

Des nouvelles de notre chantier en cours… On avance bien à Mbuji-Mayi !

Nous réalisons en ce moment ce projet financé par ENABEL avec la collaboration de notre partenaire ADIR. Il comprend l’alimentation en électricité de 6 pompes de puits pour la ville de Mbuji Mayi au RD Congo. Celles-ci vont pouvoir alimenter 9 réseaux d’eau potable qui distribueront de l’eau via des bornes fontaines publiques.

Nous devons installer 810 panneaux photovoltaïques de 450 Wc pour pouvoir répondre à la puissance moyenne des pompes de 30 à 37 kW. Nous plaçons les panneaux sur des structures à 2 mètres de haut.

Ceux-ci vont alimenter des onduleurs qui vont faire varier la vitesse de rotation des pompes en fonction de la puissance solaire disponible : plus l’ensoleillement est fort, plus le débit de la pompe augmente. Les pompes remplissent des châteaux d’eau et une fois remplis, une vanne avec un flotteur ferme la conduite de refoulement.

Quand la pression du réseau est trop élevée, le contacteur manométrique coupe l’onduleur.

Nous devons également installer 24 lampes de rue pour la sécurité.

Auparavant, ces pompes étaient alimentées par des groupes électrogènes, ce qui rendait le coût d’exploitation extrêmement cher.

Interview de notre collègue Gérard sur place en ce moment :

Ce chantier représente pour toi un beau défi non ?

Oui, surtout sur le plan logistique car j’ai dû faire venir par avion :

  • 1 conteneur de 20 pieds en provenance de Chine avec les structures en aluminium, car aucun fabricant européen ne pouvait répondre à la demande à un prix raisonnable
  • 2 conteneurs de 20 pieds en provenance de Belgique avec le matériel électrique et électronique, ainsi que quelques palettes de panneaux
  • 1 conteneur rempli de panneaux photovoltaïques

Ce fut également compliqué car remplir un avion ne se fait pas de la même manière qu’un conteneur, il y plusieurs contraintes de poids et de volumes.

Par ailleurs, à Mbuji Mayi, on ne trouve pas facilement de camion, ni d’élévateurs, c’est donc compliqué d’envoyer des palettes avec plus de 600 Kg de matériel.

Au final, tout est arrivé sans la moindre casse… c’est donc un succès !

Pour précision, nous avons envoyé le matériel en décembre et il est arrivé sur place vers le 20 mars…

Peux-tu nous en dire plus sur Mbuji Mayi ?

Mbuji Mayi est une ancienne ville minière pour l’extraction de diamants ; la MIBA (société d’exploitation) est tombée en faillite il y a une dizaine d’années.

C’est une ville de 4 millions habitants totalement enclavée avec une route d’accès de 200 km en très mauvais état. C’est la deuxième ville du pays après Kinshasa.

A cause de cette position géographique et de la difficulté d’accès, sur place, tout coûte très cher. Par exemple, actuellement, 1 litre de carburant coûte 3$ (presque 3 €) alors qu’à Kinshasa, cela revient à 1$.

On sent une grande pression économique dans la région, nous (les « blancs » ou MUTOKA, comme ils disent en Tshiluba) on nous interpelle tout le temps pour nous demander de l’argent.

Où en êtes-vous dans le chantier ?

Actuellement, nous avons réalisé 60 à 70% du chantier, c’est notre collègue Ludwig qui l’a lancé, ensuite Xavier est venu le rejoindre et moi par la suite.

Notre collègue Florian va venir nous succéder. Pour ma part, cela fait 1 mois ½ que je suis sur place. Nous sommes à peu près 20 personnes à travailler sur le chantier, 18 ouvriers locaux et 3 ingénieurs d’ADIR venant de Kinshasa. Nous attendons toujours un peu de matériel qui est parti en février de Belgique. Suite au Covid, beaucoup de fabricants et fournisseurs ont des difficultés pour nous fournir le matériel. Actuellement, il faut 36 semaines pour recevoir un onduleur !

Interview de notre collègue Xavier qui a également participé à ce projet  :

Peux-tu nous décrire ton expérience à Mbuji Mayi ?

Nous réalisons des pompages solaires pour des fontaines publiques.

Malgré les imprévus et les difficultés liées à la région du Kasaï-Oriental au Congo RDC, région très pauvre, nous avançons plus vite que prévu pour la construction des structures et la pose des panneaux.

En ayant vu le Burundi, pour des projets solaires auxquels j’ai participé, je pensais être paré pour côtoyer la détresse. Mais je pense qu’ici, c’est pire !

Je suis encore plus fier, en tant que membre d’Enersol, de contribuer à cela ! C’est peut-être une goutte d’eau dans l’océan mais c’est déjà ça…

Étant donné l’isolement de la région dû principalement à la dégradation totale des routes ; le prix de tout ici est 3 fois plus cher qu’à Kinshasa !

Le fret par avion est une bénédiction pour la population mais c’est très coûteux et cela entraîne des répercussions sur les prix.